L’éducation climatique chez Zweifel Pomy-Chips AG

Michèle Fasnacht, Mischa Kaspar und Emanuel Köppel de l'équipe formation ont eu l’honneur de former les cadres de Zweifel Pomy‐Chips AG sur la thématique de la protection du climat. Grâce au «portefeuille de formations destiné aux entreprises» de myclimate, les cadres et le personnel qualifié peuvent acquérir un savoir et des compétences sur le climat et prendre des mesures adaptées dans l’entreprise. Dans un entretien accordé à myclimate, Cédric Baier (responsable durabilité) explique l’importance de l’éducation climatique pour Zweifel Pomy-Chips AG, les actions de durabilité déjà mises en œuvre en interne et les défis à relever pour atteindre l’objectif zéro émission nette.

myclimate: Qui est responsable de la formation continue sur la protection du climat dans votre entreprise? 

Cédric Baier: De manière générale, la formation continue, tant sur le plan professionnel que personnel, est une priorité pour notre entreprise. C’est pourquoi nous avons par exemple mis en place une plateforme didactique sur laquelle nous pouvons mettre des modules spécifiques à la disposition du personnel. Je suis responsable de la formation liée à la durabilité. Pour moi, il était clair dès le départ que sur le moyen terme, nous allions organiser des formations sur la durabilité à divers niveaux. Nous avons entamé, l’année dernière, la mise en contexte de nos projets de décarbonation, en passant en revue les causes et les conséquences du changement climatique ainsi que le cadre réglementaire. 

 

Quels sont les objectifs à long terme de votre entreprise en matière de protection du climat? 

Notre priorité actuelle est de construire une usine de chips qui fonctionne sans énergie fossile, et d’électrifier nos véhicules de livraison du Service-Frais. A long terme, notre objectif est d’atteindre l’objectif zéro émission nette, y compris pour le scope 3. Nous avons la chance que nos principaux fournisseurs se soient déjà engagés volontairement sur cette voie. Nous entretenons des échanges fructueux avec eux, notamment en ce qui concerne l’échange de données. Les mesures de décarbonation sont essentielles, mais un effet systémique ne peut se faire sentir que si les efforts de réduction de toutes les parties prenantes peuvent être partagées tout au long de la chaîne d’approvisionnement.  

 

Selon vous, quel est le plus grand défi pour votre entreprise sur la voie de l’objectif zéro émission nette? 

Dans le scope 3, nous avons des émissions FLAG. L’adaptation des pratiques agricoles devient exigeante, et nous voulons éviter de créer des charges administratives supplémentaires pour nos producteurs et productrices de pommes de terre. Ce qui compte au final, c’est l’efficacité réelle des mesures de réduction. Nous avons déjà bien progressé en ce qui concerne le scope 2, avec l’achat d’électricité 100 % issue de la force hydraulique suisse, ce qui a presque éliminé nos émissions dans ce domaine. 

 

Chez nous, la production et la logistique représentent les deux principales sources d’émissions du scope 1. Pour la production, il s’agit de chauffer l’huile de friture à environ 200 °C sans recourir à l’énergie fossile, ce qui n’est pas une tâche simple. Mais nous nous sommes fixé un objectif ambitieux. Notre solution priviligiée consiste à récupérer la chaleur des vapeurs en combinaison avec des pompes à chaleur haute température. Malheureusement, il n’existe pas encore de pompes à chaleur capables d’atteindre le niveau de température requis. 

 

Notre flotte de véhicules du Service-Frais comprend environ 130 camionnettes (3,5 tonnes). Le marché actuel ne propose pas encore de véritables alternatives dans ce segment qui permettent de combiner charge utile et autonomie suffisantes. Nous avons déjà commencé à convertir nos véhicules de service, soit environ 50 voitures, sur une base volontaire. A partir de 2026, nous cesserons d’acheter des voitures à combustion.  

 

Quel était le niveau de connaissance et de sensibilisation de vos collaborateurs et collaboratrices en ce qui concerne le changement climatique, la protection du climat et leur propre impact personnel? 

Nous avons pu former trois groupes: le conseil d’administration, la direction, et tous les responsables de service. Ils devaient posséder des connaissances de base, ce qui était le cas, bien que leurs situations de départ varient considérablement d’une personne à l’autre. Chacun apporte son propre point de vue, ses préférences et son mode de vie. Le changement climatique touche à tous les aspects de notre existence, ce qui rend impossible une approche purement technique et détachée du sujet sur le lieu de travail. Il faut s’adresser à chacun, en tenant compte des dimensions rationnelle et émotionnelle. C’est la raison pour laquelle je privilégie les formations en présentiel, au moins pour un premier contact avec le sujet. Les cours de rafraîchissement annuels qui suivront auront lieu via un e-learning compact. 

 

Comment la formation vous a-t-elle aidé à atteindre vos objectifs?  

Au sein de la direction, nous avons désormais une compréhension commune, un langage commun, et nous maîtrisons les notions et concepts standardisés. A ce stade, la communication interne sur la décarbonation est désormais aussi normale qu’une discussion autour du repas de midi. Bien sûr, chacun a ses préférences et son propre rythme, mais tout le monde veut participer. Il s’agit maintenant d’ancrer cette mentalité au sein de l’entreprise. 

 

Comment la culture d’entreprise a-t-elle évolué en matière de durabilité et de protection du climat? 

Nous entretenons six valeurs d’entreprise, dont la durabilité. Les projets de décarbonation et la communication interne à ce propos sont en place depuis un certain temps déjà. L’objectif de la formation n’était pas d’introduire le sujet, mais d’approfondir et d’uniformiser les connaissances. Dans notre culture d’entreprise saine et ouverte, la durabilité en général et l’objectif zéro émission nette en particulier trouvent un terrain propice pour s’épanouir. Mais notre parcours éducatif ne fait que commencer. Pour réussir cette transformation, l’engagement de l’ensemble du personnel est essentiel. 

 

Quel a été le retour des membres du personnel sur l’atelier? 

Le retour a été très positif, avec des commentaires indiquant qu’ils avaient beaucoup appris ou, dans un cas, rien du tout, parce que la personne maîtrisait déjà bien le sujet. Certains ont été submergés par l’ampleur du problème, mais la majorité a pu profiter de cette atmosphère de renouveau et a quitté la salle avec un sentiment d’optimisme. Les avis étaient naturellement variés quant à l’impact concret de la formation sur les équipes et les processus respectifs. Toutefois, le consensus parmi les cadres, qui jugent nécessaire de former progressivement d’autres équipes et fonctions clés, montre que nous croyons en une transformation sérieuse de l’entreprise. 

 

A qui recommanderiez-vous de participer? 

A long terme, chaque entreprise devra se confronter aux réalités du changement climatique, et beaucoup en ressentent déjà fortement les effets aujourd’hui. Tous les secteurs sont appelés à entreprendre de grands changements. Il est donc logique que toutes les entreprises abordent activement la transformation. 

 

Qu’est-ce qui vous a le plus surpris?  

Les responsables de formation de myclimate savent jongler entre explications divertissantes, méthodiquement variées et activités visant à briser la glace. Ils ont également su répondre aux questions pointues et complexes posées par les membres du conseil d’administration, sans jamais les mettre dans l’embarras ni perdre leur sérieux. 

 

Que retirez-vous personnellement de la formation? 

Il vaut la peine d’adapter ces formations spécifiquement à chaque groupe cible. On a en effet une seule opportunité pour amener chaque personne à une compréhension plus profonde du sujet. C’est pourquoi je vais continuer à m’efforcer de réévaluer, pour chaque formation, la part de l’approche ludique, des bases scientifiques, des évolutions politiques, et surtout du lien avec la stratégie propre à l’entreprise. Les formations sur le climat vont bien au-delà de simples enseignements sur le climat; elles sont devenues essentielles pour comprendre la culture, les risques et la stratégie. 

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