10 bonnes raisons pour les entreprises de soutenir des projets de protection climatique

Le marché et le public se posent parfois la question de savoir s’il faut soutenir des projets de protection climatique ou non – myclimate répond: oui, sans hésiter, et plutôt aujourd’hui que demain. En évoquant dix raisons, myclimate montre pourquoi les projets de protection climatique sont importants.

Ci-après, nous expliquons pourquoi il convient de compléter les mesures de réduction internes à l’entreprise par le financement en parallèle de la protection du climat en dehors de la propre chaîne de création de valeur (Beyond Value Chain Mitigation, BVCM) en quoi une entreprise ne pratique pas de greenwashing lorsqu’elle finance des projets sérieux et fait de la publicité avec un slogan crédible, pourquoi le secteur privé est absolument indispensable afin de combler le déficit de financement global, et en quoi six autres raisons plaident en faveur des projets de protection climatique.   

Contenu

1. Déficit de financement global: pourquoi le secteur privé est-il indispensable à la protection du climat?

2. Des mesures de réduction à long terme combinées à un effet immédiat: pourquoi la Beyond Value Chain Mitigation (BVCM) est-elle importante?

3. Division par deux des émissions mondiales d’ici 2030: pourquoi les entreprises devraient investir MAINTENANT dans des projets de protection climatique en dehors de leur propre chaîne de création de valeur?

4. Répondre aux attentes: pourquoi le secteur privé a-t-il besoin de la protection du climat?

5. «Credible Climate Claims»: pourquoi les projets de protection climatique sont-ils adaptés à la communication d’entreprise?

6. Critique du «greenwashing»: pourquoi les entreprises agissent-elles de manière prévoyante grâce aux projets de protection climatique?

7. Réduction des risques: comment la «Beyond Value Chain Mitigation» contribue-t-elle à la crédibilité grâce à une sélection rigoureuse des projets?

8. Zéro net d’ici 2050: pourquoi la combinaison de projets d’évitement et d’élimination est-elle indispensable dans la protection du climat?

9. Qu’en est-il des projets forestiers? Pourquoi nous n’atteindrons pas l’objectif de 1,5 °C sans (bons) projets forestiers?

10. Résilience dans la propre chaîne de création de valeur: pourquoi les projets de protection climatique sont-ils également valables sur le plan économique pour les entreprises?

Conclusion: habiller Paul sans déshabiller Pierre, ou comment une entreprise doit-elle procéder concrètement?

Source

1. Déficit de financement global: pourquoi le secteur privé est-il indispensable à la protection du climat?

Les progrès réalisés dans la lutte contre la crise climatique sont insuffisants. L’écart constaté entre les mesures de protection du climat et le financement climatique promis au niveau mondial et ce qui serait nécessaire pour limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C est considérable.  

 

Ne rien faire coûtera définitivement beaucoup plus cher! 

Mesures d'atténuation (mitigation) : Selon les calculs de la Climate Policy Initiative, il faudra allouer plus de 8,4 billions de dollars américains par an aux mesures de protection du climat entre 2023 et 2030. Au cours des deux décennies suivantes, ce montant s’élèvera même à 10,4 billions de dollars américains par an. Or, aujourd’hui, seulement 1,2 billion de dollars américains sont directement investis dans des mesures de protection du climat, soit à peine un septième de ce qu’il faudrait actuellement.  

Conséquences économiques : Une étude de grande envergure datant du printemps 2024 et publiée dans le magazine «Nature» montre sans ménagement les conséquences économiques d'un scénario «business as usual». Ainsi, les dommages économiques, qui s'élèvent à six billions de dollars par an, coûteront au moins six fois plus cher que les investissements nécessaires à la protection du climat pour éviter précisément ces dommages. 

Mesures d'adaptation au climat (adaptation) : Les effets du changement climatique se font déjà davantage sentir dans les pays du Sud mondial que dans les pays qui sont les premiers responsables de la forte concentration de CO2 dans l'atmosphère. Plus la température globale reste basse, plus les coûts des éventuelles mesures d’adaptation seront faibles dans les pays du Sud mondial. Actuellement, le PNUE estime que ces coûts se situeront entre 215 et 387 milliards de dollars américains par an d’ici 2030.

 

C’est pourquoi le climat planétaire a besoin de toute urgence du soutien supplémentaire du secteur privé. Le financement de projets de protection climatique dans l’hémisphère Sud aide les pays n’ayant pas les ressources nécessaires pour atteindre leurs objectifs climatiques et contribue à la protection immédiate du climat. Les projets de protection climatique, notamment les solutions climatiques naturelles (Nature-based Solutions), participent aussi parfois de manière significative à l’atténuation des effets déjà perceptibles du changement climatique sur place. Le financement climatique contribue ainsi également à la justice climatique dans le sens du principe du pollueur-payeur, car les pays qui ont le moins contribué au changement climatique par le passé (et souvent encore aujourd'hui) sont ceux qui en souffrent le plus. 

2. Des mesures de réduction à long terme combinées à un effet immédiat: pourquoi la Beyond Value Chain Mitigation (BVCM) est-elle importante?

La réduction des émissions dans sa propre chaîne de création de valeur (Scope 1, 2 et 3 selon le standard Greenhouse Gas Protocol) constitue une tâche absolument inévitable. Chaque entreprise devrait établir une stratégie ainsi que des mesures correspondantes pour parvenir à des émissions nettes nulles, comme le recommande par exemple la Science Based Targets Initiative (SBTi) et comme elle le fait déjà efficacement avec de nombreuses entreprises (voir graphique). 

Toutefois, cette transition nécessaire vers une économie respectueuse du climat et préservant les ressources, également appelée décarbonisation, prend beaucoup de temps. Au cours de ce processus qui s’étend sur plusieurs années, des émissions de gaz à effet de serre continuent d’être émises. Réduire les émissions au sein de la propre chaîne d’approvisionnement (scope 3), constitue un défi particulièrement ardu.  

 

C’est pourquoi il est important d’investir simultanément dans la protection du climat en dehors de la propre chaîne de création de valeur, comme le demande également la SBTi.  

Les entreprises devraient prendre des mesures ou réaliser des investissements en dehors de leur propre chaîne de création de valeur afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre en plus de leurs objectifs à court et à long termes basés sur la science.

SBTi, Above and Beyond

Depuis quelques années, le concept pour y parvenir est appelé «Beyond Value Chain Mitigation» (BVCM). Mais que signifie «Beyond Value Chain Mitigation» au juste?  

 

«Beyond Value Chain Mitigation» (BVCM)

BVCM signifie, selon la norme SBTi Net-Zero, que les entreprises réalisent, en plus de leurs efforts internes, des investissements visant à réduire les émissions extérieures à leur chaîne de création de valeur. Il peut s’agir d’activités permettant d’éviter ou de réduire les émissions de gaz à effet de serre («avoidance») ou d’activités permettant d’éliminer les gaz à effet de serre de l’atmosphère et de les stocker («removal»). 

Le Gold Standard entend ceci par BVCM: «Pendant la transition vers le zéro net, les entreprises devraient prendre des mesures visant à réduire les émissions en dehors de leur chaîne de création de valeur. Par exemple, en achetant des certificats de CO2 de haute qualité ou en investissant dans la Direct Air Capture (DAC) et le stockage géologique.»

Dans le présent texte, on entend avant tout par BVCM les projets de protection climatique.

Ces derniers devraient idéalement être financés au moins à hauteur de la propre empreinte (approche «tonne par tonne»), à hauteur d’un fonds climatique alimenté par un prix interne du CO2 (approche «argent par tonne») ou d’un certain pourcentage du bénéfice de l’entreprise (approche «argent par argent»). Certaines entreprises versent même d’ores et déjà des contributions dédiées à la protection du climat pour des émissions passées (responsabilité historique).

Vous trouverez des informations détaillées dans la FAQ «Que signifie Beyond Value Chain Mitigation?»

 

Les entreprises devraient donc compléter le long processus de réduction interne en soutenant des projets de protection climatique et assumer la responsabilité de leur propre empreinte carbone actuelle. 

3. Division par deux des émissions mondiales d’ici 2030: pourquoi les entreprises devraient investir MAINTENANT dans des projets de protection climatique en dehors de leur propre chaîne de création de valeur?

Compte tenu de l’urgence de la crise climatique, il est indispensable de soutenir des projets de protection climatique en dehors de la propre chaîne de création de valeur (BVCM) dès la période de transformation interne de l’entreprise. Dans son rapport Above and Beyond, la SBTi insiste clairement sur deux objectifs qui doivent être soutenus par la BVCM: «Obtenir des résultats supplémentaires à court terme en matière de réduction afin d’atteindre le pic des émissions mondiales au milieu des années 2020 et de diviser par deux les émissions mondiales d’ici 2030.» Et, en résumé, consacrer des ressources financières supplémentaires au développement de nouvelles solutions climatiques nécessaires pour faire progresser la transformation systématique requise

 

Par conséquent, la Science Based Targets initiative (SBTi) recommande plus fortement qu’en 2021, lorsqu’elle a initié le concept BVCM, de soutenir des mesures d’atténuation en dehors de la propre chaîne de création de valeur et invite davantage d’entreprises à en faire autant: 

Un nombre insuffisant d’entreprises financent et mettent en œuvre la BVCM de manière cohérente et dans une mesure adaptée à l’ampleur de la crise climatique.

SBTi, Raising the Bar

Autrement dit: en attendant que toutes les entreprises atteignent le zéro net, le financement de la protection du climat en dehors de la propre chaîne de création de valeur constitue un maillon utile qui aide à combler les deux grandes lacunes existant actuellement dans les efforts de protection du climat, à savoir:  

  1. trop peu de moyens ou des directives insuffisantes pour la protection du climat et les adaptations climatiques (lacune de financement ou d’action, voir au point 1); 
  2. des objectifs trop modestes jusqu’à présent (lacune au niveau des ambitions).  

La Voluntary Carbon Markets Integrity Initiative (VCMI) souligne également avec force que le temps presse énormément: 

Prenons par exemple la SBTi: la plupart des entreprises se sont fixé des objectifs pour 2030. Mais nous ne voulons pas attendre 2030 pour que les entreprises décident d’investir dans des certificats d’émission ou de prouver qu’elles atteignent leurs objectifs. Nous avons besoin d’investissements en 2024, 2025 et 2026 si nous voulons avoir une chance de rester en dessous de 1,5 ou même de 2 degrés.

Mark Kenber, directeur exécutif de la VCMI

Idéalement, le financement de mesures externes de protection du climat (BVCM) complète les efforts exhaustifs de réduction en interne. 

 

Dans ce cadre, le soutien apporté à des projets de protection climatique est particulièrement intéressant pour les petites entreprises, à condition que la communication à ce sujet soit transparente et correcte sur le fond. C’est ce que soulignent aussi bien l’ONG indépendante Carbon Market Watch, qui suit de manière critique l’évolution des marchés volontaires du CO2, que le think tank NewClimate Institute, lui aussi indépendant. En effet, c’est souvent notamment dans les petites entreprises que les ressources pour des mesures de réduction immédiates ne sont pas (encore) disponibles. De plus, l’achat de certificats est rapide à mettre en œuvre et facile à quantifier, et le marché volontaire du CO2 est déjà un instrument bien établi et en constante amélioration.

4. Répondre aux attentes: pourquoi le secteur privé a-t-il besoin de la protection du climat?

Le secteur privé a lui aussi besoin de la protection du climat. Non seulement parce que c’est «la bonne chose à faire», mais aussi parce que les parties prenantes internes et externes nourrissent des attentes à cet égard. La protection du climat constitue une exigence croissante dans le contexte entrepreneurial et sera de plus en plus considérée comme une condition sine qua non à l’avenir.  

Parmi les groupes d’intérêts, on compte notamment les collaboratrices et collaborateurs existants (notamment les jeunes recrues) ainsi que les talents demandés et à recruter. Mais aussi les propres client-e-s, qu’il s’agisse de la clientèle finale ou, dans une large mesure, de la clientèle B2B, qui impose des exigences toujours plus strictes à ses fournisseurs. Les investisseurs-euses attendent également des entreprises qu’elles s’engagent en faveur d’une protection efficace du climat et qu’elles prouvent leurs activités concrètes. Et la politique avance elle aussi à différents niveaux (voir également les points 5 et 6).  

Divers groupes d’intérêts exigent donc des entreprises un engagement crédible et étendu en faveur de la protection du climat, ce qui implique le soutien à la protection du climat en externe.  

 

«Eviter – Réduire – Financer» 

myclimate est garante de la protection globale du climat et conseille les client-e-s selon la devise «Eviter – Réduire – Financer». Nous le faisons par le biais de la formation, de prestations de conseil pour la trajectoire de réduction et à travers notre offre de projets de protection climatique efficaces. L’investissement dans des projets de protection climatique de myclimate contribue à la bonne réputation de l’entreprise, car myclimate sélectionne ses projets selon des critères de qualité stricts et après un contrôle minutieux du devoir de diligence (voir raison 7).

5. «Credible Climate Claims»: pourquoi les projets de protection climatique sont-ils adaptés à la communication d’entreprise?

Les principales organisations indépendantes œuvrant pour la transparence et la crédibilité sur les marchés de la protection climatique, qu’il s’agisse de la Science Based Targets initiative (SBTi), du Gold Standard, de l’organisme indépendant de surveillance du marché Carbon Market Watch, de la Voluntary Carbon Markets Integrity Initiative (VCMI) ou encore de l’université d’Oxford, recommandent dans leurs dernières publications (voir les références à la fin du texte) de communiquer les engagements volontaires en matière de protection climatique sous la forme de «Credible Climate Claims». Carbon Market Watch écrit : 

Les labels doivent être crédibles, clairs, sans ambiguïté, informatifs et complets.

Carbon Market Watch

Le «label d’impact» de myclimate satisfait aux exigences d’un tel Credible Climate Claim. myclimate s’est délibérément détournée de termes tels que «climatiquement neutre» et «compensation», car ceux-ci sont aujourd’hui de plus en plus associés au «greenwashing». 

 

Ce changement, qui consiste à s’éloigner de la «neutralité climatique» et de l’«offsetting» pour se rapprocher d’une «contribution à la protection du climat» ou d’un «financement de la protection du climat» et donc de l’«impact sur la protection du climat», myclimate l’a entrepris dès la fin de l’année 2022 en tant que pionnière de la branche et le recommande depuis lors à tous ses partenaires et client-e-s.

Notre «label d’impact» répond à des normes prédéfinies, telles que la démontrabilité et l’univocité de la directive européenne sur les allégations écologiques, qui devrait entrer en vigueur dans tous les pays de l’Union européenne en 2025.  

Pour autant, myclimate ne s’arrête pas là: à l’avenir, le label doit également pouvoir refléter les mesures de réduction internes d’une entreprise – c’est-à-dire les efforts déployés dans le cadre des scopes 1, 2 et 3.

 

Nous aidons non seulement nos client-e-s à calculer, réduire et financer la protection du climat, mais aussi à former leur personnel. Nous les conseillons en vue d’une communication de protection du climat intègre et axée sur la marque (voir Comment fonctionne la protection du climat dans les organisations?).

Dans tous les cas et par principe, myclimate recommande aussi bien de prendre des mesures de réduction internes que de soutenir des projets de protection climatique. Seule cette combinaison garantit une protection efficace du climat et peut et doit être communiquée de manière transparente en tant qu’engagement crédible en faveur de la protection du climat.  

Le climatologue renommé Reto Knutti, professeur de physique climatique à l’EPF de Zurich, qui s’est souvent montré critique ces derniers temps à l’égard des (mauvais) projets de protection climatique et des revendications de neutralité climatique, apporte quelques nuances:

Je considère qu’il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain [...]. Le financement de projets de protection climatique à l’étranger a sa raison d’être s’il est bien fait. Mais il devient problématique si nous voulons que cela soit déduit de nos propres émissions. Si je DEVAIS prendre l’avion, je compenserais mon vol avec Southpole ou myclimate et je dirais que j’ai fait quelque chose de bien pour le monde, mais sans pouvoir affirmer que je suis neutre en CO2.

Reto Knutti, professeur de physique climatique, EPF Zurich, citation tirée du podcast «Echo(s)» du 1er avril 2024

6. Critique du «greenwashing»: pourquoi les entreprises agissent-elles de manière prévoyante grâce aux projets de protection climatique?

Les entreprises qui, sur leur chemin vers le «zéro net», soutiennent en plus des projets de protection climatique et le font savoir, se voient souvent accusées de «greenwashing». Toutefois, cette critique s’adresse souvent aux mauvais destinataires.  

Des études externes et indépendantes, mais aussi les expériences acquises avec des client-e-s de longue date de myclimate, sont sans appel: les personnes et les entreprises qui assument aujourd’hui la responsabilité de leurs émissions résiduelles, c’est-à-dire qui paient des contributions à la protection du climat, sont généralement aussi très soucieuses de leur empreinte et essaient d’agir autant que possible dans le respect du climat et donc de manière prévoyante.  

Selon une étude réalisée en 2023 par Trove Research, les entreprises qui décident de leur plein gré de soutenir des projets de protection climatique sont près de deux fois plus rapides à décarboniser leur propre entreprise que celles qui ne le font pas.  

L'organisation indépendante d’observation du marché «Ecosystem Marketplace» parvient à une conclusion similaire dans son étude également publiée en 2023: celle-ci démontre que les entreprises faisant preuve d’un engagement volontaire s’orientent plus rapidement vers la protection du climat. Ainsi, les acheteurs-euses de certificats d’émission volontaires sont par exemple plus susceptibles d’avoir des objectifs de lutte contre le changement climatique que celles et ceux qui ne le font pas, et leurs objectifs sont plus ambitieux: 

  • la probabilité qu’ils ou elles aient un objectif climatique scientifiquement fondé est 3,4 fois plus élevée.
     
  • Il y a 1,2 fois plus de chances que le conseil d’administration supervise leurs plans de protection du climat.
     
  • Il est 3 fois plus probable que les émissions de scope 3 soient incluses dans leur objectif climatique.  

Cette étude conclut, à l’instar de celle de Trove Research, que les entreprises qui achètent volontairement des certificats d’émission décarbonisent presque deux fois plus vite que celles qui ne le font pas (voir graphique ci-dessous). 

L’accusation immédiate de greenwashing à l’encontre des entreprises qui ne s’engagent pas (encore) «parfaitement» dans tous les domaines de la protection du climat profite surtout à celles qui ne font rien jusqu’à présent pour la protection du climat. Ces dernières, qui mériteraient pourtant une critique sévère, en profitent doublement. D’une part, elles sont épargnées par des débats publics justifiés et désagréables. D’autre part, elles économisent du temps et de l’argent, puisqu’elles n’investissent tout simplement pas dans des normes climatiques, sociales ou environnementales. Grâce à ces économies, elles peuvent ensuite proposer des produits et des services moins chers ou plus rentables. Cela leur apporte un avantage clair et injuste par rapport aux entreprises qui investissent d’ores et déjà du temps et de l’argent dans la protection du climat.

Néanmoins, plus le temps passe, plus la politique a un impact sur la gestion des entreprises en ce qui concerne la protection du climat. Elle poursuit une approche très judicieuse à cet égard. Elle entend offrir aux entreprises qui s’engagent de manière crédible et opportune un avantage sur le marché. Selon les directives à venir, notamment celles de l’Union européenne, l’instrument Beyond Value Chain Mitigation doit jouer un rôle dans la protection du climat et la gestion durable des entreprises et – dans la mesure où il est mis en œuvre de manière transparente et démontrable dans le cadre de projets de qualité – conférer un avantage concurrentiel aux entreprises prévoyantes.

 

Ces dernières voient dans les projets de protection climatique BVCM un outil efficace leur permettant de prendre en compte dès aujourd’hui leur propre impact sur le climat en tant que coût interne dans le bilan financier de l’entreprise. Outre la réduction des propres émissions, la BVCM est un élément important de toute stratégie climatique visant le zéro net. Cela permet aux entreprises d’acquérir de l’expérience dans l’intégration des coûts des émissions de CO2 encore existantes. Il est ensuite facile de déduire d’une telle approche des objectifs contraignants et compréhensibles pour un management responsable.  

Les entreprises prévoyantes se distinguent donc par le fait qu’elles agissent sur un aspect (mesures de réduction) sans pour autant en négliger un autre (en investissant dans la protection du climat en dehors de leur propre chaîne de création de valeur).   

7. Réduction des risques: comment la «Beyond Value Chain Mitigation» contribue-t-elle à la crédibilité grâce à une sélection rigoureuse des projets?

Les bons projets de protection climatique ne sont pas rares. En prenant les bonnes dispositions, il est possible de minimiser considérablement les risques liés à l’impact réel des projets et, par conséquent, pour sa propre réputation. 

Vous trouverez ici des informations plus détaillées : A quoi doit veiller une entreprise afin de choisir des projets de protection climatique efficaces?

En principe, les projets dits «community based» sont au centre des préoccupations de myclimate. Ces projets mettent fortement l'accent sur la participation des personnes sur place et contribuent, outre la réduction de CO2, à de nombreux autres objectifs de développement durable (SDGs)

Lors du choix de projets de protection climatique intègres, il convient de veiller aux trois points suivants:  

 

Certification

Les projets devraient être certifiés par des normes de haute qualité: le «Gold Standard» dans le domaine de l’énergie et «Plan Vivo» dans celui de l’exploitation des terres, voire VCS+ dans des cas exceptionnels.
Les critères de qualité essentiels suivants constituent des conditions préalables: 

  • additionnalité et permanence; 
     
  • intégrité sociale ou participation;
     
  • effets positifs supplémentaires dans le domaine de la durabilité (voir: Comment myclimate mesure-t-elle les contributions aux ODD?)
     
  • projet qui profite directement aux communautés locales sur le lieu où il est mis en œuvre (community-based); 
     
  • intégrité environnementale et safeguarding principles;
     
  • suivi annuel;
     
  • suivi vérifié annuellement par une tierce partie indépendante (tous les cinq ans pour les projets UTF). 

 

Haute Intégrité 

Le «Gold Standard» a été annoncé en avril 2024 par l’Integrity Council for the Voluntary Carbon Market (ICVCM) comme étant l’une des premières normes répondant aux critères de haute intégrité définis dans les Core Carbon Principles (CCP).

 

Contrôle du devoir de diligence (due diligence)

En plus des critères exigés par les normes, chaque projet devrait être analysé en détail. Cela peut se faire par le biais d’un contrôle préalable du devoir de diligence (due diligence). Chez myclimate, un tel contrôle, qui va bien au-delà des exigences des normes respectives, est effectué par défaut (voir notre FAQ Comment développer un projet de protection climatique et garantir son efficacité à long terme?). Le contrôle du devoir de diligence est effectué avant qu’un projet ne soit intégré au portefeuille (également sur la base de l’évaluation de nos propres risques financiers). 

 

Transparence

Par ailleurs, myclimate recommande de vérifier qu’il existe un échange étroit et à long terme avec les responsables de projet sur place, qui maîtrisent la langue locale. Le développeur de protection climatique lui-même - c'est-à-dire l'organisation qui vend les certificats de CO2 comme myclimate - devrait être d'utilité publique et ne pas chercher à faire de bénéfices. De plus, toutes les activités de projet devraient être présentées de manière transparente, des objectifs à l’utilisation des fonds en passant par les certificats.  

En outre, il est important de soutenir aussi bien des projets en Suisse que dans les pays de l’hémisphère Sud, qui n’ont guère accès aux fonds de financement climatique. Enfin, il s’agit aussi de justice climatique (voir encadré).  

Justice Climatique 

Les pays à faibles revenus sont souvent les moins responsables du changement climatique, mais, par rapport aux pays à revenus élevés, ils sont touchés par des variations de température plus importantes et des anomalies de température plus fréquentes, avec des effets dévastateurs, notamment sur l’agriculture. Une répartition équitable des coûts du changement climatique («justice climatique») et la prise en compte des groupes socialement défavorisés devraient être considérées lors de la mise en œuvre de projets de protection climatique et dans la constitution d’un portefeuille d’activités BVCM, afin de minimiser les risques et de préserver la crédibilité de sa propre entreprise. 

 

Vous trouverez ici d'autres informations très détaillées sur la manière dont myclimate sélectionne, développe, accompagne et contrôle l'efficacité des projets : Comment développer un projet de protection climatique et garantir son efficacité à long terme?

8. Zéro net d’ici 2050: pourquoi la combinaison de projets d’évitement et d’élimination est-elle indispensable dans la protection du climat?

Pour atteindre l’objectif de zéro émission nette d’ici 2050, la partie de loin la plus importante et la plus urgente du travail consiste actuellement à éviter les émissions existantes (avoidance ou réductions). Cela concerne aussi bien les propres émissions dans la chaîne de création de valeur que les émissions pour lesquelles les entreprises peuvent assumer une responsabilité par le biais de mesures de réduction en dehors de leur propre chaîne de création de valeur (BVCM). C'est ce qu'écrit l'Université d'Oxford :

Les projets de réduction (avoidance) joueront un rôle important sur la voie du zéro net au cours des dix prochaines années au moins.

Université d’Oxford, Oxford Principles for Net Zero Aligned Carbon Offsetting

Ce n’est qu’une fois que cette tâche aura été lancée à une échelle suffisante pour le bien des populations locales et des pays concernés par les projets qu’il faudra s’occuper de compenser les émissions résiduelles difficiles à éviter par ce que l’on appelle des puits de carbone qualifiés (removal).  

Dans la pratique, l’approche du «removal» n’est aujourd’hui pas applicable partout, de manière simple et cohérente sur le plan économique: De nombreux projets de puits de carbone, surtout techniques (par exemple Direct Air Capture and Storage), en sont encore à un stade de développement précoce et nécessitent un financement important pour pouvoir atteindre la maturité technologique et l’évolutivité nécessaire d’ici 2050. Le financement de tels removals techniques représente certes un élément important pour atteindre les objectifs de zéro net, mais il ne doit pas se faire au détriment des projets actuels de réduction des émissions, comme le montre le graphique ci-dessous. 

Autrement dit, nous n’avons besoin de projets d’élimination «que» pour les émissions que l’humanité a déjà rejetées dans l’atmosphère. Par conséquent, plus nous évitons les émissions à des coûts relativement bas, c’est-à-dire plus nous investissons dans des projets d’avoidance, moins nous aurons besoin de projets d’élimination très coûteux (et pas encore disponibles de manière fiable aujourd’hui). myclimate recommande donc de financer des projets de réduction à court et moyen termes et de développer à moyen et long termes un portefeuille qui répond aux deux nécessités et qui peut s’adapter comme il convient au cours des prochaines décennies. 

 

myclimate s’efforce de représenter la nécessité de différents types de projets dans le portefeuille de projets de protection climatique: actuellement, la plus grande nécessité est le financement de projets visant à éviter des émissions (avoidance) qui continueraient d’exister sans les projets. Cela fait de nombreuses années que myclimate s’est spécialisée dans ce domaine, notamment parce que ces projets de grande qualité offrent un fort impact au-delà des simples chiffres de protection climatique, par exemple l’amélioration de la qualité de vie. Ce type de projets comprend tous les projets de fourneaux ou de biogaz, la protection des forêts et les projets de tourbières. 

En même temps, myclimate met depuis quelques années l’accent sur les puits de carbone basés sur la nature, comme le (re)boisement des forêts et la constitution d’humus dans les sols arables. A court terme, ces projets sont extrêmement importants en comparaison avec les projets techniques d’élimination, et ils présentent d’ores et déjà un grand potentiel de mise à l’échelle. De plus, de tels projets permettent non seulement d’absorber des émissions de CO2, mais aussi de soutenir d’autres objectifs de développement durable (ODD) importants tels que la promotion et la protection de la biodiversité.  
​​​​​​​
Au cours des prochaines années, outre les projets toujours importants pour éviter les émissions, une mise à l’échelle des removals techniques (par exemple le charbon végétal) et naturels se fera sentir dans le portefeuille myclimate. myclimate répond ainsi aux exigences à long terme d’une protection réussie du climat visant un objectif zéro net pour les entreprises. 

9. Qu’en est-il des projets forestiers? Pourquoi nous n’atteindrons pas l’objectif de 1,5 °C sans (bons) projets forestiers?

Depuis quelques années, certains projets forestiers internationaux suscitent beaucoup d’attention et font l’objet de critiques justifiées, mais aussi injustifiées. Afin de les situer, il est important de comprendre que pour atteindre l’objectif de 1,5 °C, l’humanité doit protéger les forêts existantes et replanter des forêts. C’est pourquoi les forêts jouent un rôle important dans la protection du climat depuis le protocole de Kyoto. Ces solutions climatiques naturelles (Nature-based Solutions) visent soit à protéger les forêts existantes pour éviter ainsi les émissions de CO2 dues à la déforestation (avoidance), soit à (re)planter des forêts, ce qui permet de capter et de stocker le CO2 de l’atmosphère sous forme de carbone dans la biomasse (removal). 

En raison des coûts d’investissement élevés (plantation, entretien, etc.), les projets de reboisement sont significativement plus onéreux que ceux visant à protéger des forêts. De plus, une mise en œuvre correcte (espèces d’arbres indigènes, généralement à croissance plutôt lente) nécessite beaucoup de temps avant que l’effet ne soit perceptible. En revanche, la protection des forêts, c’est-à-dire l’évitement concret du déboisement et de la perte de biomasse, agit dès aujourd’hui et rend des services importants en matière de biodiversité. 

 

myclimate soutient les deux, les approches d’avoidance et de removal, aussi bien en Afrique, en Asie et en Amérique du Sud qu’en Suisse, en Allemagne et en Autriche.

 

Dans le domaine de la protection des forêts, il s’agit tout particulièrement de miser sur les bons projets, qui accordent une grande importance à l’engagement des communes et aux avantages apportés aux communautés locales. Les projets doivent démontrer en quoi ils favorisent des moyens de subsistance durables et le développement de la communauté. Il n’est possible de garantir la conservation à long terme de la forêt que si la communauté voit un avantage direct à la conserver voire à la restaurer. 

C’est pourquoi myclimate applique également les critères de sélection de projet les plus stricts pour les projets forestiers et ne prend en compte que des normes de haute qualité, à savoir «Plan Vivo» et, dans des cas exceptionnels dûment sélectionnés, VCS, et cela uniquement si ceux-ci sont en outre certifiés par la norme CCB (Climate, Community & Biodiversity) et/ou la norme SD-VISta (Sustainable Development Verified Impact Standard).  

Sans projets forestiers, tant de protection que de reboisement, nous ne pourrons atteindre les objectifs climatiques mondiaux, pas plus que nous ne pourrons relever efficacement d’autres défis tels que la lutte contre la perte de biodiversité ou la protection contre les phénomènes météorologiques extrêmes.

Kahlil Baker, CEO de Taking Root et co-initiateur du programme de reforestation certifié Plan Vivo «CommuniTree»

10. Résilience dans la propre chaîne de création de valeur: pourquoi les projets de protection climatique sont-ils également valables sur le plan économique pour les entreprises?

Le soutien supplémentaire apporté à des projets de protection climatique en dehors de la propre chaîne d’approvisionnement peut offrir aux entreprises un certain nombre d’avantages tangibles si l’approche est correcte. La sélection rigoureuse des projets est extrêmement importante à cet égard: Il est conseillé de soutenir des projets qui se situent certes en dehors de la chaîne d’approvisionnement directe (contrairement aux projets Carbon Insetting, situés au sein de la chaîne d’approvisionnement et que myclimate développe également pour sa clientèle), mais qui ont néanmoins des effets indirects sur l’entreprise et son environnement. Parmi ceux-ci on compte par exemple des influences positives sur les régions proches de la propre chaîne de création de valeur. 

 

On pourrait citer comme exemple concret une entreprise du secteur alimentaire et agricole qui financerait des projets en dehors de sa chaîne d’approvisionnement pour la renaturation de paysages. Ces projets contribuent non seulement à l’évolution positive du climat, mais impactent également de multiples façons les écosystèmes environnants. A leur tour, ces améliorations écologiques peuvent façonner positivement les propres zones de culture et augmenter ainsi la résilience de toute la chaîne de création de valeur de l’entreprise à long terme. 

 

Une telle approche globale ne renforce donc pas seulement la résilience des écosystèmes et de la population locale, mais contribue aussi au renforcement de l’économie sur place. Enfin, l’environnement, dont dépend en grande partie le succès des entreprises, bénéficie également des initiatives prises en matière de protection du climat. Le SBTi écrit dans Above and beyond:  

Le financement de solutions de protection du climat en dehors de la chaîne de création de valeur peut, s’il est bien conçu, générer un certain nombre d’opportunités, atténuer les risques futurs et protéger et augmenter la valeur à long terme.

SBTi, Above and Beyond

Conclusion: habiller Paul sans déshabiller Pierre, ou comment une entreprise doit-elle procéder concrètement?

Comme expliqué ci-dessus, il est plus urgent que jamais d’assumer dès aujourd’hui la responsabilité de son empreinte actuelle. Pour ce faire, les entreprises peuvent idéalement procéder en cinq étapes, comme le montre également le graphique ci-dessous. 

Premièrement, les entreprises devraient tout simplement faire le point sur la situation actuelle en réalisant une corporate carbon footprint (CCF) ou une product carbon footprint (PCF) et en élaborant des objectifs et des mesures sur cette base. Une stratégie climatique élaborée en commun établit ensuite la feuille de route à long terme et vise simultanément les risques résultant du changement climatique et les opportunités découlant des projets de réduction. Troisièmement, il ne faut pas oublier d’informer, d’impliquer et de mobiliser le personnel. Quatrièmement et simultanément, le secteur privé doit assumer ses responsabilités en matière d’émissions et investir dans des projets de protection climatique en dehors de sa propre chaîne de création de valeur (BVCM), de préférence dans les pays de l’hémisphère Sud. Enfin, il s’agit de communiquer de manière crédible et transparente au sujet de son propre engagement en matière de protection du climat et d’en rendre compte.

Les visites guidées myclimate Guided Tour ou Free Tour proposent une multitude d’autres possibilités plus ou moins ambitieuses pour une protection concrète du climat au sein de l’entreprise. Les options vont de mesures pouvant être sélectionnées individuellement à une approche stratégique et intégrée globale. 

Calculez vos émissions, réduisez votre empreinte carbone et soutenez des projets de protection climatique.

Calculez maintenant

Partager

Restez informés!